31 mars 2005

Pourquoi Pas Procéder (PPP) autrement? - Québec, Canada

Cyberpresse, le mardi 15 mars 2005
Tribune libre

Selon le premier ministre Jean Charest, les PPP (partenariats public-privé) seraient devenus le principal moyen de développer le Québec à l'avenir. Il avait d'ailleurs déclaré que si le Québec était doté des politiques sociales les plus développées en Amérique du Nord, il y avait un coût à cela.

"Nous sommes, en tant que société, placés devant trois portes. On ne peut plus taxer davantage, ça on le sait. La deuxième porte, c'est celle de l'endettement, on est encore là parmi les plus endettés en Amérique du Nord, on ne peut pas s'endetter davantage. Ça nous amène à la troisième, puis à la dernière porte, c'est de faire les choses autrement.

"Solidarité Populaire Estrie (SPE) est toujours estomaquée de constater que les discours les plus insidieux contre les impôts proviennent des officines du gouvernement elles-mêmes, en renforçant l'idée que les impôts sont du gaspillage.

Le rôle du gouvernement devrait plutôt être d'expliquer pourquoi nous payons des impôts. Qu'est-ce que l'impôt au fond? C'est une manière de mettre de l'argent en commun pour permettre à une société de réaliser ses choix collectifs, pour permettre aux individus de réaliser leur plein potentiel en partageant, tous ensemble, les coûts de ce que nous avons collectivement décidé de mettre en commun.

Selon le premier ministre, on ne peut emprunter la deuxième porte non plus, c'est-à-dire qu'on ne peut s'endetter davantage. Toujours selon lui, toute contribution en fonds publics, quelle qu'elle soit, est reléguée au rang des dépenses, alors que, si l'argent des entreprises privées prend la place des fonds publics, il s'agit "naturellement" d'investissements.On oublie trop souvent que ces "dépenses" gouvernementales créent aussi de bons emplois, ont un effet structurant sur l'économie du Québec, permettent que l'exercice des droits de tous, fortunés comme moins fortunés, soit bien réel grâce à la gratuité des soins ou de l'éducation, par exemple, ou par l'accès à des services de garde abordables pour la grande majorité.

SPE est convaincue qu'on peut et doit réellement faire les choses autrement, en associant étroitement le personnel du gouvernement ainsi que les citoyens et citoyennes aux réformes que l'on pense nécessaires et ce, dès la conception de celles-ci, ce qui est loin d'être le cas de l'approche gouvernementale.On peut faire les choses autrement que par la réingénierie imposée du haut vers le bas, quand le pourquoi du changement est clair pour tous. C'est une condition qui est loin d'être remplie. Le premier ministre a beau répété qu'il faut recentrer l'État sur ses missions essentielles, il n'a aucun consensus social sur ce que devraient être ces missions.

On peut faire les choses autrement à condition d'être d'accord sur le diagnostic de ce qu'il faut changer. Or, si une chose est claire, c'est que le diagnostic du gouvernement à l'effet que ça nous prend moins d'État est loin d'être partagé par la majorité des Québécois(es). Ce n'est pas un hasard si plus de 70% de la population désapprouve les orientation du gouvernement Charest !!!!

On peut faire les choses autrement si l'approche du gouvernement inclut l'implication des travailleuses et travailleurs, la transparence, la formation continue, des communications se faisant dans les deux sens, de haut en bas et de bas en haut. Au contraire, la ministre Jérôme-Forget a même déclaré ne pas avoir l'intention d'être éclairée par les différentes associations de fonctionnaires!

On peut faire les choses autrement si on associe au changement les leaders des organisations syndicales au premier chef, mais aussi des groupes communautaires ainsi que de la société civile en général. Or, le discrédit jeté sur l'action collective empêche même le gouvernement de concevoir une telle association.

Pour SPE, faire les choses autrement ça ne passe pas par les PPP. Privatiser les profits et socialiser les pertes, c'est ce que le gouvernement Charest nous dit. Nous devons travailler ensemble à trouver des solutions qui permettront non seulement de mieux gérer le bien commun, mais évidemment de se donner les moyens de le faire grandir, de le bonifier.

Denis Vigneault
Pour Solidarité Populaire Estrie

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