Engagée en 2002, la privatisation partielle du métro de Londres a coûté plus d’un milliard d’euros à l’Etat britannique, selon un nouveau rapport du Comité des Comptes Publics de la Chambre des Communes. La maintenance du réseau, confiée pour 30 ans aux entreprises Metronet et Tube Lines, coûtera 650 millions d’euros de plus que si l’Etat s’en était chargé. Le rapport souligne qu’un financement par emprunt public aurait permis d’économiser 130 millions d’euros d’intérêts par an.
"Transport for London a régulièrement affirmé que le partenariat public-privé du métro de Londres était cher et trop compliqué pour assurer la maintenance et la modernisation des infrastructures du métro. Aucun nouvel élément n’a conduit Transport for London à réviser sa position", rappelle le porte-parole de l’organisme municipal.
En effet, l’Etat, ne pouvant faire faillite, est qualifié d’emprunteur sûr et bénéficie de taux d’intérêts inférieurs à ceux accordés aux entreprises privées. Par exemple, l’entreprise britannique de travaux publics Jarvis, participant à de nombreux partenariats pour la construction d’école ou la maintenance ferroviaire, est au bord de la faillite. Pour le métro londonien, Metronet et Tube Lines emprunteront aux banques Abbey National, Royal Bank of Scotland, Bank of Scotland et des banques étrangères non citées.
La complexité du contrat a obligé l’Etat, l’organisme public régulant la circulation des trains London Underground (LU) et les postulants à engager des nombreux conseillers juridiques : le cabinet d’avocat Freshfields a ainsi facturé ses conseils à LU à 42 millions d’euros, chaque avocat "partenaire" empochant au passage un million d’euros. Depuis 1998, la firme PricewaterhouseCoopers a gagné 31 millions d’euros pour ses conseils à LU et l’Etat britannique. De conseils en « stratégie de couverture des risque de taux d’intérêts » (290 000 euros) en étude sur le « consommateur mystère » (43 000 euros), l’Etat et LU ont dépensé 260 millions d’euros, les postulants privés 400 millions d’euros. Au total, le surcoût se chiffre à 1,3 milliard d’euros.
Pourtant, pour le gouvernement français, les PPP « ont produit des résultats intéressants dans d’autres pays de l’Union européenne en mettant l’innovation, l’ingénierie financière et la capacité de gestion du secteur privé au service d’une gestion publique plus efficace et plus économe ».
Le premier PPP français a été signé jeudi 7 avril 2005. La banque publique Caisse des Dépôts en Consignations (CDC) a remporté la construction de l’Institut de la vision, une extension du centre hospitalier des Quinze-Vingts, à Paris. Ce bâtiment, réalisé grâce à un emprunt à la Caisse d’Epargne, banque publique dont la CDC détient 35%, sera loué pendant 30 ans au centre hospitalier. Les entreprises privées, constructeurs et bailleurs de fonds, sont prudemment restées à l’écart de cette « ingénierie financière innovante ».
Régis Castellani. Les Barons Marqués, mardi 12 avril 2005.
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