27 mars 2006

Les architectes français restent coi dans l'attente des miettes du pactole

PPP : les architectes français restent coi dans l'attente des miettes du pactole

Les signaux venant d'Angleterre quant aux difficultés des PFY, qui ont inspirés les PPP à la française, se multiplient. Mais leur importance, et les conséquences qu'ils sous-tendent, semblent se perdre dans la traduction. Que le gouvernement français fasse le sourd peut s'entendre. Mais que les architectes restent muets ?

publié le 08/03/2006

Début août dernier, Thierry Breton, ministre de l'Economie, demandait à "dix ministères d'identifier au moins trois projets réalisables dans les meilleurs délais sous forme de contrat de partenariat" (PPP pour faire simple), un volontarisme qui précédait de quelques jours la publication d'un rapport du Commissariat au plan, plutôt critique, quant à la valeur intrinsèque du dispositif.

Quelques jours plus tôt, en Conseil des ministres, le même précisait que plusieurs opérations "sont désormais lancées, dans différents domaines : la santé (extension de l'hôpital des Quinze-Vingt), la justice (construction d'établissements pénitentiaires), le sport (rénovation de l'INSEP), la sécurité (centre national de lutte NRBC de Cambrai), la défense (flotte d'hélicoptères de Dax)". "D'autres projets sont en préparation dans des collectivités territoriales", dit-il, concluant que "les contrats de partenariat constituent un outil très prometteur".

Les ministères se sont donc appliqués. Celui de la Justice a notamment confirmé en février dernier avoir signé avec le groupe français Eiffage son premier contrat de partenariat public-privé en vue de la construction de quatre prisons pour un investissement de 270 millions d'euros. La décision de l'agence de maîtrise d'ouvrage des travaux du ministère de la Justice (AMOTMJ) datait du 1er décembre 2005. Sans tambour ni trompette non plus, le ministère des affaires étrangères, dès novembre 2005, avait expliqué à l'Assemblé nationale que "des financements innovants, comme les partenariats publics privés (sic)" permettraient la construction de lycées français à l'étranger. Le ministère de la Santé annonce lui une trentaine de projets, dont la moitié devraient être signés en 2006 pour 700 millions d'euros. Ce ne sont que quelques exemples. Bref voilà le PPP lancé.

Selon le gouvernement, les avantages du PPP restent donc "prometteurs" et "innovants" et il continue donc, en conséquence, à estimer que les PPP "ont produit des résultats intéressants dans d'autres pays de l'Union européenne en mettant l'innovation, l'ingénierie financière et la capacité de gestion du secteur privé au service d'une gestion publique plus efficace et plus économe". Nos ministres ne lisent-ils donc pas la presse ? En effet, en juin 2005, le gouvernement britannique avait décidé de geler, après dix contrats PFI (Private finance initiative), la construction de prisons selon ce dispositif. Or ce sont ces fameux PFI qui avaient servi de modèle aux PPP français. Les PFI ayant été créés en 1992, il est donc permis de penser que les Anglais ont pris cette décision en connaissance de cause.

Rebelote en décembre dernier, puisque c'est, cette fois, le programme de construction des hôpitaux anglais en PFY qui est mis sur la sellette. De fait, dans son édition de décembre 2005, le Bulletin européen du Moniteur explique que la Commission pour l’architecture et l’environnement construit (CABE) a déterminé "qu’au Royaume-Uni les standards de qualité sont médiocres pour les bâtiments PFI" et identifié trois raisons à cet état de fait : l’inexpérience des agents publics chargés des projets, une procédure longue et la primauté des entrepreneurs qui auraient tendance à réduire les frais de conception. En clair les signaux d'alerte ne manquent pas.

Le gouvernement ne peut donc guère plaider l'ignorance. Et ce d'autant plus que le rapport Peylet, du nom du conseiller d'Etat Roland Peylet, remis le 4 novembre 2003 (mais jamais rendu public) à Jean-Jacques Aillagon, alors ministre de la Culture, sur l’étude des PPP à l’étranger, plus particulièrement chez les Anglais (les fameux ‘résultats intéressants dans d'autres pays de l'Union européenne’) était sans guère d'équivoque. Roland Peylet écrivait ainsi que "la réponse qu’apporte le ‘PPP’ n’est que partielle dans la mesure où le contrat auquel il donne lieu, qui doit couvrir toutes les actions et toutes les fonctions nécessaires en aval pour mener l’ensemble de l’opération pendant de très longues années, semble devoir se classer parmi les plus complexes à mettre au point". Lui-même ne pouvait s'empêcher de penser "que la prise en compte de tels éléments (prévalence d’une bonne conception, renforcement des exigences architecturales dans le cahier des charges, association plus large des futurs utilisateurs) dans le processus d’ensemble semble plutôt de nature à le complexifier et à accroître les délais de prise de décision… et les coûts globaux". Il ajoutait enfin que l’architecture "n’était pas au rendez-vous des premières réalisation" et que "les acteurs de cette politique se sont concentrés d’abord sur la façon de produire de la ‘Value for money’ mais ils l’ont fait au détriment de la créativité, ce qu’ils ne contestent pas vraiment. (…)". Ce n'était donc qu'une question de temps pour que les Anglais arrivent aux mêmes conclusions.

Pourtant, malgré cette expérience qui n'a rien d'anecdotique, le gouvernement français persiste et signe. Et quelques soient ses objectifs véritables – puisque ses membres ne peuvent pas ignorer les interrogations anglaises -, pourquoi s'en priverait-il tant en France, le sujet semble avoir été mis sous le boisseau. Même le quotidien Le Monde flotte. Ainsi, le 28 février dernier, le journal publie deux articles. Le premier, titré 'Le gouvernement britannique ne croit plus au financement mixte des hôpitaux' de son correspondant à Londres démontre l'impasse du système. Mais le second article, titré 'les nouveaux partenariats public-privé se multiplient en France' n'est pas loin d'être dithyrambique.

Plus étonnant est le silence des architectes, silence d'autant plus révélateur que fut bruyante leur opposition. En effet, les architectes, qui furent en première ligne pour s'opposer aux PPP et avaient réussi à enrôler pour leur cause rien moins que, à l'époque, le Ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon et celui de l'Equipement Gilles de Robien, se montrent aujourd'hui d'une discrétion exemplaire. En février dernier, le site du Conseil national de l'Ordre indiquait dans une brève que "le ministère de l’économie et des finances, souhaitant donner une impulsion aux contrats de partenariat mis en œuvre par les collectivités locales, a adressé aux préfets une circulaire explicative (…) [laquelle] expose aussi le champ d’application de ce nouveau contrat et les modalités de l’évaluation préalable à laquelle il doit être soumis, (…) explicite la procédure de passation et la phase d’exécution du contrat". Le CNOA rappelle enfin que "des fiches et des schémas pratiques sur les risques encourus et les différentes procédures de passation applicables figurent aussi en annexe". Bref le CNOA donnait le mode d'emploi.

Un manque de réaction qui traduit semble-t-il un malaise. Notons ainsi que les syndicats d'architectes sont également particulièrement atones, le sujet étant devenu, selon nos informations, inopportun car nombre d'architectes, quelles que furent leurs convictions il y a quelques années à peine, et quels que soient les échos reçus d'Angleterre, ne seraient pas malheureux de récupérer ces contrats, quels que soient d'ailleurs les doutes et/ou les réticences qu'ils expriment en privé ou sous le sceau de l'anonymat. C'est sans doute à ceux là que l'item du CNOA est destiné.

Il a fallu dix ans aux Anglais pour s'apercevoir des erreurs, encore avaient-ils le mérite des pionniers. Le gouvernement français continue de s'appuyer sur des "promesses" sans égards pour les retours d'expérience de nos voisins. Les architectes, du moins quelques-uns d'entre eux et leurs instances représentatives, s'en contenteront donc. Les prisonniers, malades et étudiants français apprécieront.



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L’article de cyber archi sur le silence des architectes et surtout sur le silence du CNOA face aux procédures de partenariat public-privé relève, excusez-moi, de la surdité aiguë. En charge depuis bientôt 2 ans de la commission marchés publics je me permets de rappeler quelques éléments.

L’Ordre a été le moteur de la rébellion des architectes contre ces procédures. Ce sont les conseillers de l’institution ordinale qui se sont massivement déplacés à Paris pour manifester en 2004. C’est notre action qui a permis, seuls contre Bercy et tous les lobbies du BTP et de la finance, de faire insérer des clauses qualitatives et la nécessité de déterminer an amont du PPP le projet architectural dans le guide des bonnes pratiques.

C’est nous qui continuons à nous battre à Paris, Bruxelles et ailleurs pour faire comprendre les risques inhérents à ces procédures. C’est nous qui avons amené Yves de Saint-Pulgent face à 500 architectes européens à Bruxelles pour qu’il entende la position unanime de la profession. Je n’ai eu de cesse, sachant que nous n’avons pas les moyens de lobbying de EGF, de porter un message d’intérêt citoyen dans les différentes conférences de promotion de ces formules.

Nous avons répondu avec des analyses particulièrement tranchées aux consultations de la commission européenne sur le PPP.

Les récents articles dans le Moniteur et dans achatpublic.com m’ont permis une nouvelle fois de mettre en garde les maîtres d’ouvrage qui seraient tentés de céder au côté obscur de la commande publique.
La France étant financièrement exsangue, l’état compte, grâce aux PPP, poursuivre l’investissement et l’endettement sans que cela n’apparaisse dans la comptabilité publique. L’Etat transférant ses charges sur les régions et départements, il transfère sa dette. Ainsi, les collectivités locales surendettées à leur tour, peuvent également, avec les techniques de déconsolidation, continuer à investir pendant la durée d’un mandat électoral en repoussant les conséquences sur les mandats à venir.

Cette stratégie de gestion est une bombe fiscale à retardement et plusieurs phénomènes vont considérablement surenchérir le coût global de l’opération :
- La collectivité publique bénéficiant de taux d’intérêt inférieurs à ceux attribués à une entreprise privée, le coût de l’emprunt privé sera nécessairement plus élevé.
- Les marges considérables qui vont être engendrées par la construction de l’ouvrage, voire son fonctionnement et sa maintenance.

Il est intéressant de constater que le lobby des majors du BTP est le principal initiateur et défenseur de cette politique. La formule PPP lui permet de ne plus être prisonnier du joug constitué par les grands principes comme la liberté d’accès à la commande, la transparence, l’égalité de traitement.

Il n’a plus de concurrence. Celle-ci se réduisant de plusieurs milliers d’entreprises à trois ou quatre, il est structurellement inévitable qu’il n’y ait pas entente. Les artisans et PME de la construction, au rôle économique fondamental, se voient exclus d’une commande directe pour n’avoir accès qu’à une éventuelle sous-traitance sauvage.

Il s’annexe la maîtrise d’œuvre dont le credo, concevoir le meilleur projet possible, aider le maître d’ouvrage à ce qu’il soit réalisé au meilleur prix et contrôler le travail de l’entreprise pour que l’opération soit parfaitement réalisée, est perverti en une collaboration à la recherche de la marge la plus élevée.

Quand l’objet à réaliser n’est pas préalablement parfaitement défini (le projet architectural pour les opérations de bâtiment), il ne peut y avoir transparence. Ces procédures, ou les procédures similaires supprimant l’indépendance de la maîtrise d’œuvre, participent du surenchérissement global de l´acte de construire. Les PPP peuvent être utilisés pour des programmes spécifiques où l’entreprise est porteuse d’un process ou de brevets qui lui sont propres, comme par exemple des réseaux d’infrastructure VDI ou peuvent s’opposer des solutions par câbles, hertziens ou satellitaires. Mais les justifications en bâtiment ne tiennent pas. Il ne peut y avoir de complexité, de technicité ou d’urgence qui justifient le choix du recours au PPP.

Le PPP signe ainsi le retour aux marchés d’entreprises de travaux publics (METP) procédure pourtant interdite en 1994 après les dérives qui ont conduit à la mise en cause justifiée des partis politiques à l’occasion du marché de réhabilitation des lycées d’Ile de France. Pour certains élus, le PPP marque aussi la fin de la maîtrise d’ouvrage publique, l’Etat et les collectivités locales étant ramenés au rang de crédit bailleurs. Tout l´échaffaudage médiatique mis en place pour vendre ces formules (PPP, BEH, BEA) tient sur l´exemple britannique des PFI. Or toutes les analyses constatent la perte qualitative liée à ces procédures britanniques.

Pourtant l´objectif est bien de rendre un service public, et non de faire financer par le contribuable les grands groupes du BTP et de la Banque ! En plus le surcoût des partenariats est déjà constaté en Angleterre où Tony Blair vient d´être obligé d´annuler les contrats PFI des 10 plus grands hôpitaux, car les établissements déjà réalisés sous cette formule ne pouvaient plus payer les loyers de remboursement !

Nous avons immédiatement pris date, persuadés que dans quelques années les PPP seront décriés et responsables de la perte de qualité des constructions publiques et de graves problèmes budgétaires pour les établissements publics.

Néanmoins il nous faut tenir compte du développement des PPP, qui maintenant sont des procédures légales, et nous avons milité pour que la procédure soit déclenchée après le choix architectural, permettant ainsi une vraie mise en concurrence des groupements sur un projet identique et une qualité de la production bâtie. Grâce à nos interventions, cette approche a été reprise dans le guide des bonnes pratiques du PPP et nous travaillons sur une contractualisation compatible. C’est également le point de vue soutenu maintenant par nos confrères européens. Et nous venons d’être confortés par les dernières évolutions britanniques, puisque le gouvernement vient de suivre le RIBA (Ordre britannique) dans son analyse en préconisant des études de conception poussées avant le lancement du PPP.

Par contre, si l’Ordre et les syndicats ont lutté contre les PPP et autres formules encore plus dangereuses car non encadrées (BEA, BEH, AOT), si l’Ordre continue à ferrailler sur le sujet, l’ensemble des confrères ne s’est jamais mobilisé, ne comprenant pas apparemment les enjeux sur le long terme : Augmentation du prix de la construction, réduction du nombre d’entreprises, atrophie de la commande publique etc. Qu’ils se rendorment, nos amis artisans et PME du bâtiment n’ont pas plus réagi.

Il y a actuellement un autre enjeu fondamental, c’est le futur code des marchés publics. Ordre et Unsfa ont réussi à faire évoluer le contenu mais la mouture actuelle du code, prévue officialisée en juin, reste catastrophique pour la profession en déréglementant les remises de prestations en procédure adaptée. Nous avons inondé ministères et Conseil d’Etat d’analyses juridiques ou philosophiques faisant apparaître les conséquences des rédactions d’article sur la qualité de la production bâtie. A lire très bientôt dans cyber archi ?
Cordialement,

Denis DESSUS Vice-Président CNOA

21 mars 2006

France : premier PPP en matière de logement social

Le président du conseil général des Hauts-de-Seine doit inaugurer la résidence "Le Plaza" située à Châtillon. Cette opération immobilière (4 studios, 20 F2, 24 F3, 2 F4) est une première en matière de partenariat public/privé dans le secteur du logement social. Les 50 appartements de la résidence le Plaza ont été construits grâce à l'association de capitaux issus de l'épargne privée des ménages aux ressources des bailleurs sociaux, comme la loi l'autorise depuis le 2 juillet 2003.

Il visitera ensuite un des trois immeubles HLM de type "années 30" rénovés par l'OPDHLM à Vanves. Cet ensemble comprend 146 logements dont 15 ateliers d'artistes en rez-de-chaussée. L'OPDHLM 92 a ici rénové la totalité de l'ensemble tout en respectant l'architecture d'époque et en mettant en valeur le côté atypique de ces immeubles.

Le président du Conseil général du 92 s'est engagé à construire 3.300 logements sociaux d'ici 2010 et à céder 4.000 logement sur 5 ans dans le cadre de l'accession sociale à la propriété, rappelle le service communication du département.

PPP pour l'eau

Forum mondial de l’eau
« 1 habitant sur 5 n’a pas accès à l’eau »

C’est à Mexico que se tient le 4e Forum mondial de l’eau. « 5000 personnes, composées de représentants d’Etat et de grandes villes, d’experts, de professionnels publics et privés, ainsi que d’ONG dont 200 au moins tiendront un forum informel hors de l’enceinte officielle », seront réunies entre le 17 et le 22 mars.


« Le coup d’envoi du forum a été donné officiellement jeudi à la mi-journée par le président mexicain Vicente Fox », précise l’APS. La conférence ministérielle, prévue les 21 et 22 mars, devra regrouper quelque 130 ministres de l’Eau et de l’Environnement. L’objectif principal de ces forums consiste à drainer les fonds publics mondiaux vers les entreprises privées de l’eau. Le Conseil mondial de l’eau (ONG), promoteur et initiateur de ces rendez-vous, préconise l’investissement « de 100 milliards de dollars par an dans le secteur de l’eau ». Face à la difficulté de capter les nations pour l’aide à ce type d’investissement, une formule est retenue et consiste, depuis le forum de Kyoto, à promouvoir la pénétration d’entreprises privées dans le monde. Le modèle français, Partenariat public privé (PPP), envisagé pour l’eau consiste à « créer un environnement propice à la participation du secteur privé pour la réalisation des infrastructures par le secteur public. Les collectivités locales sont invitées à financer les infrastructures, quitte à s’endetter pour le faire, et à en confier l’exploitation au privé. Les Etats faisant appel au privé doivent garantir aux investisseurs la pérennité des contrats (et des bénéfices qui vont avec, quelle que soit l’évolution de l’économie du pays). Le FMI et la Banque mondiale sont invités à soutenir cette politique. En particulier en ne finançant que les projets répondant aux critères du Partenariat Public Privé », précise le rapport du Conseil mondial de l’eau. Par ailleurs, l’Unesco rappelle, dans son 2e rapport mondial des Nations unies, que « les ressources en eau douce sont loin de manquer sur notre planète. Pourtant, du fait de la mauvaise gestion, du peu de moyens disponibles et des changements environnementaux, quasiment un habitant de la planète sur cinq n’a toujours pas accès à l’eau potable et 40% de la population mondiale ne disposent pas d’un service d’assainissement de base ». A ce titre, le Forum mondial de l’eau, par la réunion des secteurs publics et privés, des professionnels et des politiques, est l’occasion d’échanger et d’établir une stratégie commune. « Le Mexique est un pays quasi désertique, particulièrement les régions du Centre et du Nord, alors que toute la partie Sud dispose de grandes quantités d’eau, parfois d’ailleurs plus qu’il n’en faudrait », explique le président Vicente Fox. « Cela nous place dans une position privilégiée pour mieux comprendre le problème de l’eau sous ses différents aspects, et a ainsi conduit notre administration à considérer l’eau comme une priorité nationale », conclut-il.

France : Un PPP pour le futur grand stade de football de Lille

Le site de la Borne de l'Espoir, dont les terrains appartiennent à la Communauté urbaine, s'étend sur 27 hectares et est desservi par trois stations de métro (doc France 3).
La communauté urbaine de Lille-Métropole a voté à une large majorité, vendredi 17 mars, pour la réalisation d’un nouveau stade de grande dimension (40 à 50 000 places) sur le site dit "La Borne de l’Espoir" à cheval sur Villeneuve d’Ascq et Lezennes.

Lille-Métropole a aussi décidé de réaliser l’équipement, dont le coût est estimé à 170 millions d’euros, via un partenariat public-privé, assorti d’un dialogue compétitif. L’appel à projets sera lancé en septembre, le temps d’élaborer un cahier des charges précis et consensuel (les élus communautaires seront consultés). La livraison du stade est prévue pour le début 2010.
D’ores et déjà, plusieurs élus, ont exprimé la crainte que ce projet engendre des "dégâts collatéraux" en affaiblissant l’attractivité des équipements commerciaux de centre-ville, notamment à Roubaix et Tourcoing. Plusieurs grands groupes privés, issus de l’univers du BTP, ont déjà fait part de leur intérêt pour ce dossier.
La communauté urbaine a également annoncé son intention d’investir lourdement dans l’aménagement du site. Les accès routier vont être améliorés, les catiches (grandes cavités déjà repérées sous le site) comblées, des parcs de stationnement vont être réalisés et une passerelle va être construite au-dessus du boulevard du Breucq pour relier le campus de l’université Lille 1 au site et au centre-ville de Villeneuve d’Ascq. L’ensemble représente plus de 200 millions d’euros d’investissements. "Il aurait de toutes façons fallu réaliser des investissements sur ce territoire qui va retrouver la vocation de parc sportif et de loisirs déjà évoquée dans le dossier de candidature aux Jeux Olympiques de 2004" a souligné Pierre Mauroy, le président de Lille-Métropole.
Annick Loréal


(20/03/2006)
Repères
Le coût nouvel équipement est estimé à quelque 170 millions d'euros hors taxes, soit plus de trois fois supérieur à celui envisagé pour l'extension de l'ancien stade du Losc, Grimonprez-Jooris.
Lancé en 2001 par la ville et la communauté urbaine, le projet Grimonprez-Jooris II, qui visait à faire passer le stade de 21.000 à 33.000 places, devait permettre de donner au club une enceinte à la hauteur de ses ambitions. "Solution la plus rapide et la moins coûteuse", selon Martine Aubry et Pierre Mauroy, le projet a déchaîné rapidement les passions.
Au terme de deux ans d'une bataille judiciaire engagée par deux associations de protection du patrimoine qui estimaient que le projet porterait atteinte à la citadelle Vauban proche, le Conseil d'Etat leur donnait définitivement raison en décembre 2005.

07 mars 2006

L’Afrique privilégie ses opérateurs locaux indépendants

DÉVELOPPEMENT DES INFRASTRUCTURES : L’Afrique privilégie ses opérateurs locaux indépendants


Susciter dans les pays d’Afrique subsaharienne l’émergence d’un entreprenariat privé national qui soit en mesure de jouer un rôle croissant dans la fourniture des services d’infrastructures comme l’eau potable, l’assainissement, l’électricité, les télécommunications et le transport urbain. Tel est le sens du séminaire sous-régional qu’organise, à Dakar, le Centre d’études de politiques pour le développement (Cepod) et l’institut de la Banque mondiale.

Cette rencontre, relative aux partenariats public-privé (Ppp) et au développement des opérateurs indépendants dans les secteurs des infrastructures, a été ouverte, hier, par le ministre délégué au Budget, Hadjibou Soumaré. L’objectif est de sensibiliser les opérateurs indépendants, les représentants et des cadres des organes de régulation et des administrations, intervenant dans le secteur des infrastructures sur l’importance du rôle que peuvent jouer les opérateurs indépendants dans le secteur des infrastructures. Mais aussi et surtout de susciter une réflexion approfondie pour la mise en place de politiques de développement qui puissent permettre à ces acteurs privés d’intervenir dans la fourniture et la gestion des infrastructures en Afrique.

Selon M. Madani Tall, Directeur des Opérations de la Banque mondiale au Sénégal, les opérateurs locaux, appelés opérateurs indépendants, sont plus aptes à s’adapter aux facteurs socio-politiques et culturels propres à leurs pays respectifs. « Ils devraient devenir les principaux vecteurs à partir desquels les gouvernements engageraient la bataille pour la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (Omd) dans le domaine des infrastructures », a-t-il ajouté. Aussi, invite-t-il à analyser les problèmes des opérateurs indépendants et à explorer les solutions auxquelles il faudrait recourir pour renforcer leur rôle dans la réalisation des objectifs de croissance accélérée et de réduction de la pauvreté.

efficience économique

Pour M. Hadjibou Soumaré, la mise en œuvre des partenariats public/privé (Ppp) devra se renforcer progressivement, à mesure que se développeront des capacités nationales, en matière de préparation, de construction, de financement et de suivi. Il a indiqué que le renforcement de l’offre et l’électrification rurale ont ouvert au Sénégal des opportunités de partenariat avec des Petites et moyennes entreprises (Pme) dans la fourniture d’énergie électrique. « La fourniture d’eau potable, l’assainissement, le ramassage des ordures ménagères, de même que les télécentres communautaires pour l’accès au téléphone et à l’Internet constituent d’autres domaines où l’initiative d’opérateurs indépendants peut permettre de combiner efficience économique et progrès social », souligne-t-il.

MM. Paul Noumba Um, chargé du partenariat public privé à l’Institut de la Banque mondiale, et Aboubacry Sow, expert en finances publiques du Centre d’études politiques pour le développement (Cepod) renseignent que ce séminaire planchera sur la question de savoir en quoi les opérateurs indépendants constituent une alternative viable pour les pays de l’Afrique subsaharienne, en matière d’infrastructures ? L’occasion sera mise à profit pour voir comment articuler une vision de développement des partenariats durables entre les opérateurs indépendants et le secteur public ? Également, les participants s’imprégneront également de l’expérience internationale ainsi que de l’expérience africaine disponibles en la matière. Faut-il le rappeler, cette rencontre, qui se poursuit jusqu’à demain, regroupe près de 70 participants venant du Burundi, du Gabon, du Mali, du Niger, du Sénégal, de la République démocratique du Congo, de la Mauritanie, du Maroc et du Burkina Faso.

MOUSSA SADIO

03 mars 2006

Grande Bretagne : Le gouvernement britannique ne croit plus au financement mixte des hôpitaux

Le gouvernement britannique ne croit plus au financement mixte des hôpitaux
LE MONDE | 28.02.06 | 12h37 • Mis à jour le 28.02.06 | 15h04
LONDRES CORRESPONDANT

u Royaume-Uni, pionnier du partenariat public-privé (PPP), le système de financement de la rénovation du parc hospitalier vétuste semble en panne. La récente décision du gouvernement Blair de réexaminer le plus gros marché hospitalier de ce type, le Barts/Royal London Hospital, portant sur 1,15 milliard de livres (1,68 milliard d'euros), illustre l'inquiétude croissante devant l'escalade du coût pour l'Etat de ces méga-projets de financement mixte.

"Cette privatisation en douce des hôpitaux est un retour aux pires pratiques du XIXe siècle. Le transfert de la charge des dépenses d'infrastructures du niveau national aux autorités locales, via les trusts hospitaliers, contraint celles-ci à réduire leurs dépenses de santé", s'indigne Allyson Pollock, directrice du Centre for International Public Health Policy de l'université d'Edimbourg. L'annulation, il y a deux ans, de la rénovation de St Mary Paddington, la quasi-faillite du Queen Elizabeth Hospital, à Woolwich, et du principal hôpital de Greenwich, ainsi que la suppression de 12 000 lits depuis l'arrivée au pouvoir, en 1997, du New Labour témoignent des dysfonctionnements d'un modèle cité en exemple dans de nombreux pays, dont la France.

En vertu des PPP, lancés en 1996 par le gouvernement conservateur, le secteur privé construit et exploite les hôpitaux pour le compte de l'Etat. Le remboursement de la dette des hôpitaux est échelonné sur une période allant de vingt-cinq à quarante ans. Cette charge, dont une partie est à taux variable, obère d'autant plus le budget opérationnel des hôpitaux que leurs revenus, assurés par le ministère de la santé, sont tributaires de la réalisation des objectifs fixés en nombre de patients traités.

PROJETS BLOQUÉS

Aux yeux du Trésor, le partenariat public-privé permet à l'Etat de mener à bien un programme ambitieux d'investissements sans alourdir la dette nationale. A ce jour, trente-huit hôpitaux PPP sont opérationnels. Quarante-deux projets pour 12 milliards de livres (17,6 milliards d'euros) ont été également approuvés.

Dans un récent rapport, le National Audit Office, équivalent britannique de la Cour des comptes, s'est félicité de la livraison dans les temps et dans le respect du devis des ouvrages clé en main. Les sociétés de bâtiment et travaux publics (BTP) comme Bugues ou Skanska, qui sont assurés d'une sorte de rente sur trente ans en moyenne, y trouvent également leur compte, avec un rendement de leurs investissements estimé à 15 %.

Comment expliquer, dans ces circonstances, la révision de la position du gouvernement ? Le creusement du déficit des trusts hospitaliers, lié également à la flambée du coût de la masse salariale, devrait s'élever à 620 millions de livres lors de l'exercice 2004-2005. A la lumière des difficultés croissantes des établissements à respecter le calendrier de remboursement, la ministre de la santé, Patricia Hewitt, a bloqué une dizaine de projets. Le modèle PPP est sur la sellette.

Les critiques s'attaquent notamment au caractère surdimensionné de certains ouvrages qui contrevient à l'accent mis aujourd'hui sur les soins de proximité. Par ailleurs, le rapport qualité-prix est difficile à évaluer vu l'incroyable complexité juridique des appels d'offres et des contrats.

Les urbanistes désapprouvent également les choix architecturaux des nouveaux hôpitaux qui répondent plus aux préoccupations du secteur privé de protéger ses marges bénéficiaires en contrôlant les coûts qu'aux besoins des malades. Le scandale des chambres minuscules de la nouvelle aile du Royal Brompton and Harfield Hospital l'atteste.

Le secteur du bâtiment est aussi accusé d'avidité au gain pour avoir créé un marché informel de rétrocession des contrats, en développant la sous-traitance à des fins spéculatives. De l'avis général, les entreprises vont devoir apprendre à s'adapter à des projets plus modestes et plus courts.