01 juin 2017

Algérie : un projet de loi sur le PPP toujours attendu !

Le projet de loi sur le partenariat attend depuis près d’un an sa promulgation alors que l’Algérie souffre d’un manque de ressources financières pour ses projets structurants dans les infrastructures, l’industrie et l’agriculture.
Le partenariat public-privé, les autorités en parlent depuis des années. Mais, les entreprises, qu’elles soient publiques ou privées, n’ont rien vu qui pourrait les amener à travailler ensemble et à bâtir une nouvelle vision élargie pour l’avenir. L'arlésienne ! Sur le papier, une réflexion sur un avant-projet de loi relatif au partenariat public-privé (PPP) a été engagée en 2016. A priori, le projet est louable, l’idée étant de créer une réelle synergie entre secteur public et secteur privé et de relancer, entre autres, l’industrie, un secteur tenu à l’écart depuis de longues années.
Aujourd'hui, plus que jamais, le pays a besoin de ce type de partenariat. Et il devrait en faire un levier de développement. Mais pourquoi les gouvernements qui se sont succédé ne l’ont-ils pas fait ? Pour Lies Kerrar, expert financier et président de Humilis, il y a une sorte “d’amalgame” au sujet de cette formule. Lorsque l’on sait exactement ce que l’on veut ou ce dont on a besoin, il est, dit-il, plus facile d’atteindre l’objectif qu’on s’est fixé. Lies Kerrar en rappelle la définition : le partenariat public-privé est un mode de financement par lequel une autorité publique fait appel à des prestataires privés pour financer et gérer un équipement assurant ou contribuant au service public.
Toutefois, le PPP peut prendre plusieurs formes. Cela, poursuit-il, est important pour poser les termes du débat et aller de l’avant, la finalité étant de soutenir une synergie entre entreprises publiques et privées, car l’État ne peut pas être “indéfiniment” dans la gestion économique, a fortiori dans un contexte d’amenuisement de la ressource, conséquemment à la déprime des marchés pétroliers. Aussi, est-il attendu de privilégier les partenariats pour les projets industriels et de renforcer les instruments alternatifs de financement de l’économie.
Il est utile de rappeler à ce propos qu’en mars dernier, la tripartite avait appelé à promouvoir le PPP et à trouver des partenariats sous-tendant les projets structurants et de développer une  base industrielle et productive nationale. En théorie, la tripartite semblait faire montre de volonté pour faciliter aux opérateurs économiques algériens la captation du savoir-faire et des possibilités de financement disponibles sur le marché national ou international. La mise en chantier de pareils projets et l’amélioration de la productivité globale ne pourraient cependant être possibles sans investissement privé et public.
Le problème est que le clivage entre secteur privé et secteur public a toujours la peau dure. Et chacun travaille de son côté. Les entreprises publiques sont appelées à prendre plus d’initiatives dans leur gestion en vue de trouver de nouvelles sources de financement pour créer de la richesse.
Il faut, dès lors, aller chercher d’autres sources de financement de nature à créer de la richesse. Les entreprises privées ont également leurs problèmes. Les partenariats publics et privés s’en détournent. Du moins pour le moment. Mohamed Bouchakour, économiste, exprime un avis sans complaisance sur le sujet. Homme de conviction, Bouchakour n’a pas sa langue dans sa poche lorsqu’il évoque le dialogue public-privé dans l’Algérie d’aujourd’hui, il avertit que la persistance dans le “pseudo-dialogue” autour du partage de la rente fera plonger inéluctablement l’Algérie dans le groupe des pays les moins avancés. Et, fait important, l’économiste évalue même le coût du non-dialogue, soulignant ainsi que les grands choix sont toujours en éternelle gestation.
Les pouvoirs publics “renoncent” à une source d’expertise importante de terrain et une connaissance fine des réalités économiques nationales. Et d’ajouter que l’absence de dialogue prive les entreprises d’une “lisibilité suffisante” pour faire des anticipations. Enfin, les décisions souffrent de “déficit de légitimité” et “d’appropriation” par les bénéficiaires et autres parties prenantes.

Source : www.liberte-algerie.com

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