14 février 2006

Le partenariat public-privé, facteur clé de succès de la stratégie de puissance

« Tout ce qui est bon pour la General Motors est bon pour les Etats-Unis et tout ce qui est bon pour les Etats-Unis est bon pour la General Motors. »
(A quand une réalité française ? Ndlr)

En vue de l’affirmation de la puissance française, il est aujourd’hui devenu impératif de préciser et mettre en pratique une véritable stratégie d’ensemble, une unité d’action et de dialogue, une politique d’influence pour la France. Celle-ci doit coordonner, de manière volontariste, l’ensemble des acteurs économiques : Etat et entreprises. Un des enjeux majeurs est donc la réussite des partenariats entre les entités publique et privée. En quoi le partenariat public-privé peut-il être l’un des facteurs clé de succès de la stratégie de puissance française ? Nous tenterons de répondre à cette problématique en avançant des arguments susceptibles de soutenir et justifier cette thèse : premièrement, la dynamique de la mondialisation, entre interdépendance et affrontements ; deuxièmement, les points de convergence entre les sphères publique et privée ; enfin, une culture de la coopération à développer, par le biais d’exemples de réussite de partenariats public-privé.

La dynamique de la mondialisation : entre interdépendance et affrontements.
La complexité croissante des rapports entre l’Etat et les entreprises s’est amplifiée par le développement -rapide- de l’internationalisation. Le moteur essentiel de cette mutation est d’ordre économique. L’augmentation extrêmement rapide des échanges internationaux -supérieure à celle de la production mondiale- et des firmes multinationales atteste d’une interpénétration croissante des économies nationales, par le commerce. Par ailleurs, la mondialisation affecte négativement la souveraineté étatique. Tout d’abord, cette « société globale » (P. de Sénarclens, 2001) réduit la marge de manœuvre des Etats, en les amenant à se plier à un ordre transnational. Ensuite, elle favorise la montée de puissances extraterritoriales qui accumulent capital, richesse et influence sur la scène internationale. Ces nouveaux acteurs brisent alors le monopole traditionnel détenu par les Etats sur les relations internationales, réduisent leur affirmation de puissance et les obligent à composer avec eux. Enfin, la mondialisation tend à dessiner l’image d’un « monde sans frontières », où le territoire de l’Etat-Nation paraît désormais trop exigu. Ces constatations nous conduisent à analyser l’Etat sur la base d’un nouveau réseau, fait d’interdépendances, de contradictions et d’affrontements, où il est nécessaire d’affirmer une volonté de puissance. Celle-ci sera justifiée par une politique de partenariat public-privé.

Les points de convergence entre les sphères publiques et privées.
L’internationalisation croissante du capital n’a pas conduit à la création d’une « gouvernance mondiale » supra étatique supprimant les Etats existants ou faisant se substituer les firmes multinationales aux Etats comme stratèges du système. Il y a un lien étroit entre chaque multinationale et un Etat, confrontés à des problèmes identiques : changements technologiques de plus en plus rapides, concurrence accrue et agressive, volonté d’optimiser les ressources devenues rares, nécessité de gains de productivité, clientèle plus exigeante… Les objectifs de ces deux entités sont alors étroitement interconnectés : accroître leur productivité ou leur influence et leur rendement ou leur richesse économique. En effet, un pays influent, voué à se transformer en porte-parole et défenseur des intérêts économiques nationaux, concourt au succès local des entreprises françaises. Celles-ci peuvent alors se développer, gagner des parts de marché et assurer -tel un cercle vertueux- des réseaux économiques et financiers à l’Etat, nécessaires à sa puissance. (i.e. « Competitive states », S.Strange, 1991). Il faudra néanmoins se méfier des intérêts économiques puissants et agressifs, qui chercheront à utiliser les Etats comme instruments d’action pour faire prévaloir leurs vues.

Une culture du partenariat à développer, par le biais d’exemples de réussite de partenariats public-privé.
Cette imbrication entre les sphères publique et privée, bien qu’évidente, ne sera pas spontanée, car encore impensable en France. Incompréhension et contresens marquent ces deux mondes. Aussi, « Il n’y a pas une France, mais des Frances. […] Ni l’ordre politique, ni l’ordre social, ni l’ordre culturel ne réussissent à imposer une uniformité qui soit autre chose qu’une apparence. » (Fernand Braudel in L’identité de la France). Il est aujourd’hui devenu urgent de se décider en faveur de nouvelles solidarités public-privé. Ces dernières doivent être la résultante d’une « culture du combat », d’un sens aiguisé de l’action « solidaire » et d’un modèle d’organisation construit en réseau, uni et décentralisé. La prise de risque est ici le levier de la croissance et du développement. Certains pays, tels que les Etats-Unis ou le Royaume-Uni l’ont bien compris. De nombreuses initiatives démontrent l’efficacité des partenariats public-privé, notamment dans le cadre d’opérations d’influence : mobilisation de leaders d’opinions dans le cadre de la contestation de la PAC ; mobilisation des ressources publiques, par la société privée IWL, pour la réponse à l’appel d’offres des eaux de Sofia ; politique d’influence publique-privée pour la maîtrise du pétrole en Angola. C’est dans cette solidarité entre « public » et « privé » que se trouve la clé de la puissance française, « pour se prémunir, certes, mais aussi et surtout pour agir. Solidairement. » (Arnaud Teyssier in Les Echos, 18/19 Avril 2003, p49)

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