13 avril 2006

Canada : Québec choisit une forme limitée de PPP pour les mégahôpitaux universitaires

MONTREAL (PC) - Québec a choisi finalement une forme limitée de partenariat public-privé (PPP) pour la réalisation des deux méga-hôpitaux universitaires à Montréal. La facture totale atteint maintenant 3,6 milliards $, soit 1 milliard $ de plus que les évaluations initiales.

L'agrandissement et la modernisation de l'hôpital Sainte-Justine et certains bâtiments des deux autres projets seront toutefois réalisés selon le mode conventionnel de financement. L'échéance demeure 2011.

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Philippe Couillard, a présenté le projet vendredi matin comme le début de la médecine du XXIe siècle au Québec.

"Pourquoi sommes-nous ici ce matin (vendredi)? (Pour) plus qu'un projet de construction (....), c'est pour lancer la médecine du XXIe siècle au Québec, pour les Montréalais et pour tous les Québécois, pour le Québec, (pour lui) redonner la place de leadership qui lui revient dans l'innovation, la recherche et le développement."

Le format de PPP retenu vise strictement la construction et l'entretien des bâtiments. Le ministre a donné l'assurance vendredi qu'il n'y aurait aucune délégation au secteur privé de services professionnels ou auxiliaires tels l'entretien sanitaire, la buanderie ou la cafétéria.

"(Le CHUM) est réalisé en ce qu'on a appelé ce matin - et j'aime l'expression - le PPP 'à la québécoise', un PPP léger, adapté au Québec, un PPP où seul est inclus (dans la dévolution au privé) la construction de l'édifice et le maintien d'actif de la 'coquille', a confié M. Couillard. Il n'y a aucune délégation au privé des services auxiliaires tels que l'entretien ménager, la buanderie, la cafétéria et autres, et bien sûr les services professionnels."

L'objectif premier du PPP est de refiler le risque de dépassements de coûts de construction et des délais, notamment, aux éventuels promoteurs privés. De même, le contrôle des coûts, des échéanciers et de l'entretien de l'immeuble sera mieux assuré pour la durée de l'entente avec le partenaire privé, a précisé le ministre.

"Ca veut dire que dans 30 ans, on retrouvera un CHUM, un hôpital de McGill aussi moderne que le jour où il a été inauguré", a-t-il évoqué, en citant en exemple le complexe de la Place Ville-Marie à Montréal, propriété d'une société privée.

"Elle est aussi belle, aussi propre et aussi bien entretenue qu'elle était à son ouverture. Honnêtement, est-ce qu'on peut dire ça de nos infrastructures publiques?"

Quant aux chiffres révisés, le coût net des projets est maintenant évalué à environ 1,5 milliard $ pour le Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM), à 503 millions $ pour le Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine et à 1,58 milliard $ pour le Centre universitaire de santé McGill (CUSM), pour un total de 3,6 milliards $. De cette somme, 2,15 milliards $ ont été prévus pour la construction et la rénovation d'immeubles.

Du reste, 700 millions $ ont été prévus pour l'acquisition d'équipement, de mobilier et de technologies de l'information. Enfin, les quelque 760 millions $ restants ont été prévus pour les contingences, les frais de gestion, l'inflation et les taxes, des sommes qui sont habituellement absentes des évaluations initiales mais qui doivent toujours être engagées.

Par ailleurs, Québec accepte de revoir à la hausse les enveloppes de chaque projet et ajoute 154 millions $ aux 800 millions $ initialement prévus pour la réalisation du CHUM, 155 millions $ aux 800 millions $ mis de côté pour le CUSM, et 58 millions $, qui s'ajoutent aux 200 millions $ versés à Sainte-Justine. Le reste du financement proviendra principalement des fondations des hôpitaux et d'Ottawa.

En donnant le coup d'envoi officiel des trois projets, vendredi matin à Montréal, le gouvernement Charest a autorisé, pour le CHUM, un budget de 55 millions $ pour l'acquisition des terrains et des bâtiments déjà mis en réserve.

Une somme de 23,6 millions $ a aussi été allouée pour la réalisation de la voie d'accès au nouveau site du CUSM, et Sainte-Justine a reçu une allocation immédiate de 35 millions $ pour l'achat de nouveaux équipements.

Par ailleurs, la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) s'est réjouie que les services et la gestion dans le projet présenté demeurent du ressort public.

Dans un communiqué transmis vendredi, le président de la FTQ, Henri Massé, a toutefois demandé que soient rendues publiques les projections de coûts du projet s'il était réalisé entièrement par l'Etat. La présidente du Conseil du Trésor, Monique Jérôme-Forget, s'était dit ouverte un peu plus tôt à la transparence.

"Une telle démarche permettra aux citoyens de juger par eux-mêmes s'ils en ont pour leur argent avec la formule retenue", a déclaré M. Massé. Nous ne souscrivons par à l'argument que le recours au privé (PPP) est un rempart contre les dépassements de coûts."

Il a ajouté que la FTQ allait surveiller "de très près" le processus de soumissions.

Source : La Presse Canadienne 2006

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