02 avril 2006

Tunisie : Le PPP: indispensable pour réduire la fracture numérique

Il est indéniable que des progrès réels ont été réalisés dans le domaine de l’accès aux nouvelles technologies aussi bien dans les pays du nord que dans ceux du sud.

Les progrès en matière de connectivité dans les pays en développement ont été remarquables durant les 10 dernières années. En 1990, ces pays ne détenaient que 20% des lignes téléphoniques mondiales. Aujourd’hui 60% de ces lignes appartiennent à ces pays. Pour ne citer qu’un exemple, il n’y avait que 370.000 personnes disposant d’un téléphone mobile au Nigeria en 2001. En 2005, ce nombre a atteint 16,8 millions faisant du Nigeria le deuxième plus grand marché d’Afrique. Cependant, la connectivité au mobile en Afrique, bien que croissant au taux le plus élevé au monde, reste très faible et ne concerne que 103 personnes pour 1000 habitants.

Mais le problème majeur reste l’internet. Et bien que son utilisation à l’échelle mondiale a quadruplé entre 2000 et 2005, l’Afrique reste pratiquement à l’écart du réseau. Globalement et si les pays développés disposent de 300 serveurs sécurisés pour chaque million de personne, les pays en développement n’en disposent que de deux. Le Canada dispose à lui seul de plus de serveurs que tous les pays en développement réunis. Et si tous les pays développés ont connecté presque toutes leurs écoles primaires et secondaires à l’Internet, seulement 38% des pays en développement l’ont fait ; et lorsqu’il s’agit de l’Afrique, ce taux chute en dessous de 1%.

La fracture est bien réelle

Différents rapports et études ont démontré que la concurrence reste le seul moyen à même de développer la connectivité dans les pays en développement. Le monopole sur la fourniture des services du fixe rend le coût de la connectivité à Internet exagérément élevé et inabordable. Ce qui signifie que la principale clé de réussite réside entre les mais des pays en développement eux-mêmes, en libéralisant la fourniture des services du fixe et de l’Internet et en encourageant le secteur privé à y intervenir.

Si des solutions concrètes ne sont pas mises en place sans attendre, les pays africains risquent de rater la révolution numérique comme ils l’ont déjà fait avec celle industrielle. Au meilleur des cas, ils se trouveront en position de consommateurs de technologies qu’ils ne maîtrisent (en tant que consommateurs) que très partiellement.

Et si ces pays ont appris la leçon de la première révolution qui a fait d’eux de simples consommateurs, et pour les plus chanceux et qui ont travaillé dur, de simples sous-traitants de composants dont la valeur ajoutée est souvent limitée à la main d’œuvre bon marché, il savent pertinemment que la révolution numérique offre plus de chance. Sans investissements très lourds, l’Afrique peut se tailler une petite place sur le réseau.

Le rôle des gouvernements est sans doute le plus important, tous les pays se sont attelés à développer des e-stratégies qui, et non sans logique, se ressemblent plus ou moins. L’accent est mis sur la connexion des écoles, des Administrations, le développement de l’infrastructure et la mise en place de systèmes juridiques. Sans des systèmes d’évaluation et de mesure des résultats concrets, ces stratégies ne vaudraient pas plus que le papier sur lequel elles sont écrites.

On estime que la participation du secteur privé dans le développement des e-stratégies, sa mise en place et son évaluation est essentielle pour sa réussite et ce pour de multiple raisons dont notamment :

- Le secteur privé devance généralement l’Administration en matière d’utilisation des TIC et se trouve par conséquent plus expérimenté et bien outillé pour apporter ses conseils ;

- Le secteur privé est le plus grand utilisateur des services de l’Administration et par conséquent se trouve bien placé pour formuler les besoins des consommateurs ;

- Le secteur privé est le principal employeur des ressortissants des écoles et des universités et devient, par conséquent, le principal utilisateur des produits du système éducatif.

C’est ainsi que le partenariat public privé (P.P.P) présente l’un des axes les plus importants sur lequel les e-stratégies des pays africains devraient se baser dans leur quête de solution à la fracture.

Ce partenariat doit être franc, complet et sans arrières pensés. Il ne pourrait donner ses fruits que s’il est conjugué à une libéralisation des différentes composantes du secteur et à une législation encourageante. La fracture reste énorme et c’est aux pays en développement de poser les premiers les bases pour sa réduction.

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